La puissance de l’Église

Immédiatement avant de rentrer chez-Lui dans la gloire, Jésus a fait une dernière promesse à Ses disciples : « Mais vous recevrez une puissance... » (Actes 1:8). Cet essai veut explorer quelques implications de cette déclaration.

Immédiatement avant de rentrer chez-Lui dans la gloire, Jésus a fait une dernière promesse à Ses disciples : « Mais vous recevrez une puissance... » (Actes 1:8). Cet essai veut explorer quelques implications de cette déclaration.

Au commencement

Tout a commencé le jour de la Pentecôte avec le déversement du Saint-Esprit. C’était comme un barrage qui éclate — les 120 personnes dans la chambre haute ont inondé les rues et ont commencé à parler. Cela, ainsi que le miracle de s’exprimer dans les langues, attira l’attention de la foule.

Il paraît qu’un des premiers objectifs du Saint-Esprit était d’amener le saint reste d’Israël dans la Nouvelle Alliance. Plusieurs milliers des gens qui furent baptisés pendant cette première vague du Saint-Esprit étaient probablement de cette catégorie.

Le raz-de-marée spirituel ne s’est pas arrêté à Jérusalem. Il s’est étendu à travers la Judée et dans la Samarie Il a suivi l’eunuque en Éthiopie. Il a voyagé par mer et par terre à Rome, en Asie, en Afrique et éventuellement en Inde. L’apôtre Paul et ses compagnons missionnaires ont voyagé des kilomètres sans nombre à travers l’Asie et l’Europe avec l’Évangile, et le raz-de-marée continuait. De partout, il rassemblait les fidèles croyants de l’Ancien Testament et de plus en plus de pécheurs repentants.

Les historiens estiment que dans les cinquante ans après la Pentecôte, presque toutes les personnes du monde civilisé avaient entendu le message de l’Évangile.

Historiquement

Comme toutes les vagues, cette vague de puissance spirituelle a eu son flux et son reflux. Parfois elle amenait des rivaux puissants, mais d’autres fois sa puissance semblait plus tranquille. En dedans des premiers cinquante ans, la puissance diminuait (voir 2 Timothée 1:15). Une grande partie de l’Église avait graduellement abandonné son premier amour ; et dans le siècle suivant, les sacrements et les cérémonies remplaçaient la conversion évangélique dans l’Église.

Le petit reste fidèle, vivant durant le Moyen Âge, a dû être tenté de croire que la puissance était finalement éteinte. Même durant cette période de ténèbres, des sources du Saint-Esprit ont surgi à la surface dans plusieurs endroits. Dans ces petits groupes, plusieurs sont morts pour leur foi — nous y lisons la destruction de villages entiers. (Les quelques archives historiques encore existantes de cette période furent écrites par les ennemis de l’Évangile et elles ont accusé ces groupes d’hérésie, mais la plupart étaient, sans doute, plus proches de la vérité que ceux qui les ont détruits.)

L’arrivée du millénaire, du moins en Europe, trouva le Moyen Âge à son point le plus bas spirituellement. Cependant, du milieu de ces ténèbres, la puissance resurgissait par le renouveau vaudois. C’était presque comme une nouvelle Pentecôte et des milliers de gens à travers l’Europe du sud venaient au message de l’Évangile.

Cinq cents ans plus tard, le raz-de-marée avait diminué encore, mais il s’est amplifié une autre fois dans le renouveau anabaptiste dans le nord et dans le centre de l’Europe. Et comme d’habitude il était accompagné de persécution sérieuse. Certains historiens considèrent la persécution des anabaptistes comme le pire bain de sang de toute l’Histoire.

Aujourd’hui

Bien avant le vingtième siècle le raz-de-marée refluait encore dans plusieurs endroits. Le mouvement anabaptiste avait perdu beaucoup de sa force spirituelle pendant les années 1700 et celles qui suivirent. Ses descendants spirituels, les mennonites, les huttérites et les amish, sont devenus graduellement les « gens tranquilles sur la terre », plus intéressés à la paix qu’à la puissance, et plus matérialistes qu’évangéliques. En même temps, les modernistes et les intégristes ont fait des guerres de mots au sujet de l’intégrité des Écritures, mais ni les uns ni les autres n’étaient prêts à vivre dans l’obéissance à la Bible. Même les intégristes, avec leur défense érudite de l’inspiration de la Bible, ne faisaient pas beaucoup attention à ses commandements. Le véritable disciple est devenu rare dans l’Église. Encore une fois, il apparaissait comme si le diable avait découvert comment éteindre la puissance du Saint-Esprit. Mais de nouveau — comme dans le Moyen Âge — de petites sources de puissance ont resurgi, ici et là, à travers le monde.

Au milieu du vingtième siècle, nos Églises conservatrices sont nées d’une de ces sources-là. C’était un renouveau mineur parmi des mouvements de renouveau historiques qui n’attirait pas beaucoup l’attention du monde. Il n’y avait pas de persécution sanglante et la plupart de nos convertis étaient parmi nos propres familles. Néanmoins, bien que ce renouveau fut tranquille, il s’est infiltré en Amérique du Nord, et graduellement dans d’autres coins du monde.

La perte de la puissance

Jésus a promis à Pierre : « ... je bâtirai mon Église, et les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle » (Mathieu 16:18). Cela veut dire que la puissance promise par Jésus aux apôtres ne sera jamais éteinte.*1 Parfois la marée pourrait éclater comme un violent raz-de-marée. D’autres fois elle pourrait germer lentement et profondément. Parfois aussi, elle peut sembler disparaître sous la surface. Mais elle ne sera jamais éteinte dans la véritable Église.

Néanmoins, des groupes chrétiens peuvent perdre cette puissance ; et à travers l’Histoire, la plupart des groupes locaux l’auront perdue, tôt ou tard. En fait, nous sommes toujours en danger de perdre cette puissance, non pas parce qu’elle est affaiblie ou défaite, mais parce que nous tendons à nous retirer graduellement et à refuser de permettre au Saint-Esprit d’œuvrer par nous. Notre mouvement de renouveau aura bientôt cinquante ans, et nous nous confrontons encore à des menaces semblables à celles auxquelles les Églises apostoliques ont fait face quand elles avaient cinquante ans d’âge.

Essentiellement, la menace revient à ceci : Le diable œuvre constamment à remplacer la puissance du Saint-Esprit dans l’Église par des formules. (Par exemple, dans l’Église primitive, les sacrements ont graduellement remplacé la conversion et l’art du disciple.) Ces formules se sont transformées d’une génération à l’autre, mais elles ont toujours le même effet affaiblissant sur l’Église.

Dans le reste de cet essai, nous voulons examiner certains traits d’un groupe spirituellement puissant. C’est dans ces domaines que Satan essayera encore de remplacer la véritable puissance par ses fausses puissances.

Garder la puissance

C’est vrai que tous les principes qui suivent appliqués à l’extrême ou pratiqués sans les autres principes pour équilibrer, peuvent nous mener là ou nous ne voulons pas aller. Cependant, on trouvera tous ces principes, dans une forme ou dans une autre, dans une assemblée guidée par l’Esprit.

Une assemblée guidée par l’Esprit...

  • Cherchera la direction des Écritures (Jean 5:39 ; Actes 17:11 ; 2 Timothée 2:15). La Bible est le message de Dieu à nous par écrit et elle est notre référence ultime de Sa direction. La Bible présume que l’Église appliquera elle-même les principes bibliques dans la vie quotidienne. Cela est un processus continu parce que la société et le monde changent constamment et nous amènent de nouveaux défis.
  • Mettra l’accent sur l’enseignement guidé par l’Esprit (Jean 16:7–15). À l’occasion nous devons mettre nos guides (nos livrets) pour l’école du dimanche et nos commentaires de côté, et discuter les Écritures directement. Aussi, il serait bien de retourner, au moins un peu, à, la prédication par exposé (expository). Cela enseigne la Bible dans sa forme originelle et nous empêche de négliger l’enseignement que nous aurions pu manquer autrement. L’Esprit avait guidé le plan de la Bible, alors le plan a sa raison d’être.
  • Ira au-delà d’une forme de sainteté (Luc 11:39–42). Notre façon de vivre a formé une culture, un patron. Cela est normal et n’est pas méchant. En fait, je doute de la véracité de tout mouvement qui ne produit pas une sorte de culture pour son peuple. Mais il faut aller au-delà de la forme, de la tradition et de la culture dans la vie de l’Église. Si nous faisons de bonnes choses seulement par habitude ou parce que nous avons toujours agi ainsi, nous profitons peu de cela.
  • Reconnaîtra la tension entre l’Église et le monde (Romains 12:1–2 ; 1 Jean 2:15). Chaque ère a des domaines où cette tension est évidente. Les anabaptistes mettaient l’accent sur le baptême des croyants et sur l’appartenance volontaire à l’Église. Chez les chrétiens nord-américains, une tension importante fait partie de la mode avec son accent sur l’apparence personnelle. Si nous ignorons ces tensions, et si nous ne sommes pas guidés par l’Esprit, nous n’aurons pas la puissance dans l’Église longtemps.
  • Aura un grand amour pour les âmes perdues (Jean 3:16 ; 6:40). Dieu veut sauver autant de gens que possible. Si cela n’est pas notre élan aussi, nous n’avons pas raison d’exister comme Église. Distribuer quelques brochures à l’occasion ne nous enlève pas cette responsabilité.
  • Prêchera l’Évangile (Matthieu 28:18–20). Il faut que l’objectif de tout chrétien et de toute assemblée de chrétiens soit d’accomplir la Grande commission d’évangéliser. Voilà pourquoi Dieu a laissé Son peuple sur terre. Cela oblige l’Église de prendre l’offensive au lieu de se mettre sur la défensive.
  • Respectera les chefs fidèles aux Écritures (Hébreux 13:7, 17). L’exemple de L’Ancien Testament et l’enseignement du Nouveau Testament présument que le peuple de Dieu aura des saints chefs qui dirigeront l’œuvre de l’Église locale. Quand le peuple de Dieu refuse de respecter l’autorité de ceux à qui Dieu l’a donnée, l’Église ne peut pas prospérer...
  • S’attendra à la responsabilité de la communion des frères (Matthieu 18:15–20). C’est selon le dessein de Dieu que nous devons faire preuve de notre soumission envers Lui par notre soumission envers un corps de croyants. Il est vrai qu’aucune assemblée n’atteindra la perfection et qu’elle commettra probablement quelques erreurs ou de mauvais jugements à l’occasion. Mais nous avons tous besoin de la sécurité que nous trouvons dans le consensus de la communion des frères, afin de survivre spirituellement. Pour que ce concept fonctionne, il faut que les membres soient prêts à accepter de l’aide.
  • S’attendra que les membres auront la conviction personnelle (Jean 14:15, 23 ; 1 Jean 5:3). Parfois nous présumons que ce point contredit les deux derniers points, mais il ne le fait pas vraiment. Chaque chrétien devrait accepter la responsabilité personnelle d’étudier la Bible et de découvrir la volonté de Dieu pour lui. Pour le bien de nos assemblées et de nos familles, nous devons avoir une relation personnelle avec Dieu et une compréhension claire de la Parole de Dieu. C’est vrai, cela doit être à l’intérieur de la structure d’une assemblée biblique et non purement individuel. Mais cela ne change pas le fait que nous ne survivrons probablement pas si nos convictions ne sont pas personnelles ainsi que collectives.
  • Où chacun sera personnellement un disciple (Luc 14:25–33 ; Jean 8:31). Dieu appelle chacun à l’esprit du Christ (voir Philippiens 2). Cela veut dire que nous sommes prêts à mettre de côté nos ambitions, nos désirs et nos attentes afin de se soumettre entièrement à l’autorité de Dieu sur notre vie. Voilà un des principes les plus importants. Si l’Église a des membres qui ne « meurent pas quotidiennement » afin de rendre l’autorité complète sur leur vie au Christ, ils ne devraient pas être surpris si leur assemblée semble manquer de puissance.
  • Où les frères et les sœurs s’aiment les uns les autres (Jean 13:34–35). Ce principe parle probablement plus fortement que tout autre aux gens du monde. Seulement les croyants vraiment nés de nouveau peuvent s’associer avec d’autres gens — avec les faiblesses humaines — et maintenir cette sorte d’amour envers eux. Il y aura toujours des désaccords dans la vie de l’Église. Mais avec cette sorte d’amour, on peut les régler et la vie de l’Église peut continuer.
  • Comprendra le sacrifice personnel (Marc 12:41–44). Il y aura toujours des personnes dans l’Église avec plus d’argent que les autres. Cependant, l’égoïsme est inacceptable et le partage est un élément important dans la vie de l’Église. Le style de vie des riches et des pauvres différera peu dans l’Église. Le peuple de Dieu doit être prêt à sacrifier certaines possessions et activités légitimes afin d’accomplir la volonté de Dieu.
  • Promouvra l’autorité et l’enseignement des parents (Deutéronome 6:4–8). Selon le principe biblique, les parents, sous la direction du père, sont responsables de la famille. Quand ils évitent cette responsabilité, les répercussions sont à long terme. Nous apprécions l’aide de nos écoles du dimanche et de nos écoles chrétiennes dans l’enseignement de nos enfants. Mais il est facile de passer nos responsabilités à l’Église et de se fier sur nos écoles pour enseigner à nos jeunes enfants et à nos ministres pour le soin de diriger la vie de nos jeunes.

Cette liste n’est pas complète. Vous pourriez trouver d’autres concepts à ajouter. Mais il est important que tout chrétien puisse voir comment il fait face aux principes bibliques. Le Saint-Esprit demeure dans l’assemblée aussi longtemps qu’Il habite à l’intérieur des individus qui constituent cette assemblée. Ainsi, la puissance doit commencer dans la vie de chacun. Et les parents doivent promouvoir ces principes dans leurs familles. Nous ne pouvons pas nous attendre à ce que ces principes fleurissent dans notre vie d’Église, s’ils ne sont pas solidement établis dans les membres et dans leurs familles.

 

  1. « Éteinte » nous fait penser à une flamme. — tr.
Détails
La Langue
Français
Auteur
Lester Bauman
Éditeur
Lamp and Light
Les Sujets

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